Initiation à la "chronographie" moderne

Renonciation, résurrection, ou une nouvelle querelle des anciens et des modernes

Par Patrice


Après plusieurs années passées à acheter des montres communes par manque de connaissance et de budget, je suis passé petit à petit à quelques curiosités horlogères, jusqu'au jour ou j'ai rencontré un groupe d' amateurs passionnés, collectionneurs invétérés, parlant de choses bizarres dont une m'avait fortement intriguée : le "CUPET" ou "CUL-PET" !!.

Choqué d'entendre parler de cette chose légère et odorante durant un repas sérieux entre spécialistes d'horlogerie, j'ai tout d'abord pensé à un écart de langage du à une euphorie générée par un excès de belles montres. Mais non, ils avaient tous l'air innocent et en parfaite santé mentale. J'ai donc assumé que mon interprétation était fausse et j'ai sagement écouté pour comprendre tout en essayant de ne pas paraître trop absent. Et j'en ai entendu !!! Il faut vous dire messieurs que chez ces gens là, messieurs, on parle de montres, on regarde des montres, on touche des montres, on rêve de montres !!. C'est ainsi au cours d'une discussion qui s'apparente parfois à une joute, que j'ai su que "CUL-PET" voulait dire "Quantième Perpétuel" et s'écrivait "QP". Cette découverte, revêtait un caractère primordial, parce qu'elle me permettait : premièrement de ne pas mourir idiot, deuxièmement, me rassurait quand à la moralité des mes interlocuteurs, troisièmement, m'incitait à poursuivre mon éducation horlogère pour ne pas paraître béotien.

Après donc avoir passé des années à collectionner principalement : 1) par manie, 2) pour l'aspect extérieur, 3) dans le cas des montres de poche, le secret espoir de trouver un petit détail sortant de l'ordinaire (en ce temps là il se faisait encore des améliorations ou modifications personnelles), je me retrouvais confronté à un autre monde.

Mon émois passé (très rapidement il faut le dire), j'ai essayé de suivre les méandres des comparaisons entre rattrapante, QP (encore !), 7750 avec module Dubois Depraz, ETA xxx, tourbillons Vs carrousel, vis bleuies à l'acide ou à chaud, aiguilles des secondes traînantes, cadrans estampillés, et autres subtilités des montres modernes.

Un peu perdu et septique, j'ai le plus rapidement possible cherché dans mes livres, ce que je ne regardais jamais: les chronographes et autres complications. J'ai découvert alors que certains étaient beaux, que les prix étaient parfois accessibles, et j'ai donc créé une nouvelle rubrique dans mon budget dépenses, rubrique qui a le défaut de se rajouter aux existantes sans les remplacer.

Quelques U****A et Index Mobile plus tard, quelques milliers de francs en moins, et l'euphorie passée, je suis doucement retourné vers mes "vintages".

Vintage : montre fabriquées il y a quelques dizaines d'années, qui a la particularité de ne pas être trop chère, de ne pas être d'une précision absolue, et de ne plus avoir de pièce détachées et donc causer un tas de problèmes en cas de panne (fréquentes), mais d'avoir une âme.

 

Le coût n'est pas la seule raison de mon retour aux sources. Qu'elles sont les manufactures qui aujourd'hui font preuve d'autant d'imagination dans les boîtiers que dans les années 1945 ­ 1960 ??. Ou est la variété des mouvements d'antan ??. Ou est l'originalité ??. Qui apporte une fonction ou une complication qui n'a pas déjà été fabriquée ??. Qui est inventif ?? . OMEGA dans le domaine technique avec son nouvel échappement co-axial ? peut-être, certains petits par la production mais géniaux par l'invention comme JP Journe, Vincent Calabrese, Martin Braun ... certainement.

 

C'est à une course aux détail à laquelle que nous assistons, mais il n'y a rien de neuf sous le soleil. Longines, Tag et d'autres nous font le coup très à la mode des vieux stocks dans des nouvelles boites, Jaeger décline à tout va sa Reverso, Juvenia nous fait une copie hors de prix de son modèle des années 1940 avec les aiguilles remplacées par un rapporteur, Lange fait de très belles choses mais si peu démocratiques et si peu nouvelles, Rolex produit des Rolex et encore des Rolex, Breitling vit de son passé de fournisseur des aviateurs qui veulent en montrer, Bell & Ross fait de la marge,

Oui la qualité est là, mais je préfère un belle OMEGA Constellation, une Jaeger Memovox, une Movado de 1945 à butée avec son bruit caractéristique, une Eterna Matic, une MIDO, ou une Angelus Chronodato (et oui déjà en 1945 les chronos existaient !!) à beaucoup de modèles d'aujourd'hui.

 

Allons messieurs, tournez vous vers l'art au lieu de fantasmer sur des fonctions qui n'auront de cesse de vous ruiner et qui existent depuis 50 ans, et si vous voulez des complications, achetez de vieux chronos, un bon Valjoux 88 (Ha le Valjoux 88 !!!!) ou un bon vieux 7750 encore en production !!. Vous serez certains de ne pas attraper un ulcère parce que votre montre prend entre +5s et -10s par jour, et pour cause !!. Vous ferez plaisir à vos amies en leurs offrant des petits bijoux en or à un prix défiant toute concurrence et un charme fou (c'est mieux que du Gucci, cK, Weil, et autres fringueur et c'est moins cher)  !!. Vous aiderez à faire perdurer un métier en voie de disparition en donnant du travail à des artisans et pas à des groupes financiers. Faites comme moi : chinez, restaurez, et ne vous laissez pas succomber au dernier modèle à la mode, quoi que, tout compte fait, une IWC portugaise ou une Master géographique feraient bien mon bonheur !!. Décidément l'homme est volage !!

Vive la tocante de grand papa, Vive les Garde temps à précision variable !!

Pour mon plaisir et le votre et pour illustrer mes propos, quelques modèles comme on en fait plus :

Mido Direct time (pour rendre Alain jaloux)

Universal de femme. Raflée dans une brocante sous le nez de Sébastien. Pas mal hein pour un cadeau hors du commun ??.

Longines (de "Cléopatre» ; merci l'Accro du tic tac !)

MOVADO Chronomètre. Années 1920. Boîtier incurvé. Se passe de commentaires.

BOREL Cocktail. Les aiguilles sont remplacées par deux disques tournants transparents, qui donne en fonctionnement une impression de kaléidoscope permanent.

Tavannes de poche. Je cite : « comme une captive au sens le plus romanesque du mot, on l'achète, on la vend. Sensible et facile elle cède si vous la prenez d'une main de maître, dévoile son visage,  vous livre tous ses secrets, et de chaque commencement se fait un charme de plus ». Colette et oui !!)

LIP T18 unique dans son genre. Même Pia Coutans n'en avait pas vu de pareil.

"'>Montre de femme années 1970. Boîtier plastique, mouvement Suisse. Revient en force à la mode.

Tissot Research Idea 2001. Une des première montre auto lubrifiée, boîtier plastique.

Longines 1900, boîtier argent, avec décor de fleurs typique.