Ma Mk XV à moi


     Les CHI sont inguerissables. Ma précédente, portée sur une Swatch, fut un moment sacré où je passait mon temps à  observer la Body&Soul sous tous ses angles, mesurer ses écarts de marche, la prendre en photo, même à en faire une revue dans le but avoué d'en faire craquer le maximum. Ce moment passé, je continuais à rôder sur LPDM, restant en retrait, ayant la volonté de décrocher, tuer cette passion naissante et déjà dévorante qui,  je le savais, allait devenir dévorante aussi pour le compte en banque. Mais peine perdue, seul un exil sur une île déserte sans Internet ni boutique horlogère aurait pu y arriver. C'est ainsi que je continuait à engranger des infos, surtout sur les modèles qui m'attiraient depuis longtemps. J'avais toujours eu un (gros) faible pour la Mark XII, son look sobre, indémodable, son calibre Jeager, c'était elle qu'il me fallait.

     Après bien des recherches (la belle n'étant plus fabriquée) je ne trouvais pas la moindre à vendre, à un prix raisonnable du moins, et je commençait à glaner des infos sur sa descendante, la Mk XV qui avait été (un peu trop vite) écartée du fait de son calibre ETA. Charme de la manufacture quand tu nous tiens...Puis finalement j'appris que ce mouvement était pas si mal, c'était un ETA certes mais complètement retravaillé. Puis vint le doute. Je commença à me dire qu'une Sinn était pas mal aussi et qu'elle ressemblait beaucoup à la Mk XV et surtout qu'elle coûtait beaucoup, beaucoup moins cher. De passage en Teutonie, j'en profita pour passer voir les Sinn chez Herr Bauer, revendeur Sinn à Munich de son état et essayer aussi la belle IWC. Autant j'était impressionné par le rapport qualité/prix des Sinn, autant j'était subjugué par l'impression indescriptible qui se dégageait de la XV. Un doute énorme s'empara de moi. Puis un jour je décida d'appliquer le principe de LPDM: "Il ne faut jamais acheter une montre pour une autre" et pris contact avec l'excellent Markus Tschopp de Silvermagic (smwatches.com).

     Un peu moins de 15 jours plus tard, le livreur de DHL sonna et j'ouvris le paquet. Je peux vous assurer que je n'ai pas été déçu.

 

                                  

 

 

 

Petit historique... 

      La Mk XV n'est pas à proprement parler une montre vraiment nouvelle. Elle est en fait la descendante d'une longue lignée de montres de pilote. Je vous propose un petit retour sur ses glorieux aïeux. Tout commençe en 1935 avec le lancement de la Mk IX.

 
 Merci à Alain.

Elle était équipée du Calibre 83, version 'petite seconde' du 89, battant à 18 000 alternances par heure et chose inhabituelle elle possédait un index mobile (le triangle à 10h30) qui tournait en même temps que la lunette.

       Il ne fallu pas attendre très longtemps (1945) pour qu'une autre montre de pilote apparut. La Mk X répondait à une demande des forces armées britanniques, elle n'était donc pas exclusivement une montre de pilote.

 
Merci à Chris Ryan.                      

Là aussi du 83 à l'intérieur.

 

     Puis en 1948 tout s'emballe, IWC lance la mythique Mk XI qui sera produite jusqu'au début des années 80.

 

                                                                                

    Elle était équipée, pour la première fois, d'un boîtier interne la protégeant des champs magnétiques et surtout du fameux (et fabuleux) calibre 89 dont la photo ci après vous laisse admirer sa beauté. Je peux vous assurer que c'est encore plus beau en vrai.

                                                                                         

 

     On trouve des Mk XI a vendre, notamment chez josephwatches.com d'où sont tirées les 2 photos précédentes. Par contre accrochez vous pour le prix...

      Puis en 1993 lancement de la regrettée Mk XII qui reprend le design de la Mk XI mais en changeant le calibre maison par un 889 de chez Jaeger. Elle prend aussi au passage la date.

 

                                                                    Photo Time zone.

Et puis en 1999, patatras... arrêt de la production de la Mk XII au profit de la Mk XV. Les raisons sont peu connues mais d'après ce que j'ai pu glaner ici et là le calibre Jaeger était en cause (vu qu'il n'y a pratiquement que ça qui a changé, je me mouille pas trop...) car jugé trop cher à produire en grandes quantités, trop cher à entretenir et trop fragile. A noter que IWC dans son catalogue donne une autre version, que les clients trouvaient la Mk XII trop petite et IWC dans sa grande bonté a augmenté le diamètre de 2 mm (mazette!).  

            Aller, finies les histoires de famille et passons aux choses sérieuses.

 

 

Le boîtier

                                           

            Le boîtier est d'une forme classique, d'un design commun à la famille, et est pratiquement entièrement d'un fini brossé. Je dis pratiquement car un fin anneau poli entoure le verre. La finition est bien entendue parfaite. L'acier utilisé est du 316L comme tout le monde. 

            

                                                                             

           

Le fond est bien entendu vissé et brossé sur sa partie horizontale et poli sur la partie biseautée. Sur ce fond est gravé "Die Fliegeruhr Automatik", le numéro du boîtier et IWC au centre. Pour ceux qui ne parlent pas un traître mot de Teuton cela veux dire   " La montre de pilote automatique" (automatique la montre, pas le pilote...). Les gravures sont impeccables. Passons aux mensurations: 47 mm de corne à corne, 19 mm d'entre corne, 38 mm de diamètre sans la couronne et 41 avec. Pour ma part c'est parfait, ni trop gros ni trop petit.

Le cadran

      Le moins que l'on puisse dire c'est que le cadran ne pêche pas par son extravagance. Que du noir et du blanc, on peut difficilement faire plus sobre mais là aussi c'est vraiment bien fait et ça donne vraiment le look aviateur voulu. Pas ici de chrono mais simplement l'heure, les minutes, la trotteuse et la date (ce qui est limite pour une utilisation "aviation"). La date est sur fond blanc, ce qui est indiscutablement moins esthétique qu'avec un fond noir mais, avec la disposition du disque de la date, la marque à trois heures est rognée, donc sa longueur est un peu rattrapée par le blanc de la date, pour avoir un semblant de symétrie.

 

 

Après tout c'est pas plus mal. Il y a un peu de littérature sur le cadran: En haut classiquement le nom de la marque et en dessous de celui-ci "Schaffhausen" pour montrer fièrement ses origines.

                                                                                                   

     Cette disposition est plutôt réussie car le triangle donne avec les inscriptions une forme vraiment pyramidale, bien trouvé de la part des designers. En dessous là aussi une disposition pyramidale avec le Automatic surplombé du Mark XV. Un bon dessin vaut mieux qu'un long discours donc voyez par vous même.

                                                                                                      

 

     Le fond est noir mat, obtenu par une peinture granuleuse les marquages blancs sont impeccablement réalisés avec une peinture au Luminova pour les quarts d'heures et le triangle et une peinture blanche pour les autres. Les marquages au Luminova méritent qu'on s'y attarde un peu car ils ne sont pas un banale peinture mais ont une épaisseur visible lorsqu'on regarde la montre sous des angles forts. Bien entendu ce ne sont pas de vulgaires pâtés mais de véritables formes extrudées, les bords sont parfaitement droits.

 

 

 

 

La nuit ça brille fort, comme vous pouvez le constater, merci le luminova.

   
(Désolé pour le flou mais c'était pas facile...)

 

     Pour la petite histoire les première Mk XV utilisaient du Tritium et avaient 2 petits T de chaque côté du "Swiss Made"

                                                                          

        Passons aux aiguilles. L'aiguille des heures est de forme rectangulaire et bien sûr peinte au Luminova. Rien de spécial, elle est parfaitement réalisée. L'aiguille des secondes n'est pas luminescente par contre elle est entièrement peinte en blanc et est très fine. A son extrémité elle se finit en forme d'olive, sûrement plus pour rattraper l'esthétique que le déséquilibrage vu la vitesse où ça tourne. L'aiguille des minutes est de forme et de conception similaire à celle des heures. Elle va jusqu'au bout des marquages. Par contre elle présente sur ma montre 2 défauts (minimes il faut l'avouer): Quand on regarde sous différents angles on s'aperçoit que le fil de celle-ci n'est pas parfaitement rectiligne et aussi lorsqu'on regarde la montre pratiquement sur la tranche on voit quelque chose apparaître sur la tranche de l'aiguille. Je pensait au début que c'était un défaut d'ébavurage mais en fait cela doit être une petite tâche de Luminova. Vraiment pas de quoi fouetter un chat mais dans une montre de ce prix c'est un peu décevant.

     Pour la petite histoire encore, il a existé des Mk XV avec un fond blanc. Personnellement je trouve ça d'un esthetique très... discutable, mais bon les goûts et les couleurs... En tout cas vous pouvez vous faire votre opinion personnelle.

                                                                            photo TZ

 

La couronne

 

            Tout comme les autres modèles Mk, la couronne est disposée à 3 heures et ne possède pas d'épaulements.

                                                                                       

      Elle est de de dimensions ni trop grandes, pour l'équilibre visuel, ni trop petites, pour avoir une bonne préhension. Elle fait 3 mm de large pour 6 de diamètre (mesure de l'extérieur des cannelures) et n'a pas un fini brossé comme le boîtier mais est polie. Classiquement elle possède à son extrémité un petit dessin, pas le logo de la marque comme c'est la coutume mais un petit poisson stylisé qui, comme c'est l'habitude chez IWC, indique qu'elle est étanche (à 60 m, largement suffisant pour se laver les mains).

                                                                                       

      Elle est vissée et les opérations vissage/dévissage sont très faciles à faire, preuve de bons ajustements. Les fonctions de la couronne sont celles du mouvement: dévissée on remonte le mouvement, on tire un coup et on a le changement de date et au deuxième cran on stoppe le mouvement et on règle l'heure.  Hasard ou réalisation parfaite, mon petit poisson est aligné dans l'axe du boîtier lorsque la couronne est vissée. 

 

Le verre 

            Je savais que le verre était en saphir mais ce que je ne savais pas, c'est qu'il n'était pas traité anti-reflets. Cette absence de traitement et le fond noir font qu'il y a des reflets. Rien de dramatique lorsqu'on veut lire l'heure (toujours lisible quel que soit l'éclairage), mais le problème se corse lorsqu'on veut lui tirer le portrait. L'avantage est, qu'en l'absence de traitement, le verre est vraiment inrayable, comme quoi on perd pas sur tout. Sinon il est légèrement bombé et c'est tout ce qu'on peut dire de lui. 

Le mouvement

            Ah je me réjouis de ce qui arrive... En effet comme je l'ai déjà dit dans l'intro, le principal changement entre la Mk XII et la Mk XV est le mouvement. Les petits gars de Schaffhausen ont donc troqué le calibre JLC contre un ETA. Attention il ne nous mettent pas non plus de l'ETA brut de décoffrage, on est pas chez ******* (mettez qui vous voulez). En fait ils reçoivent les 2892-A2 en pièces détachées, changent quelques pièces comme le couple balancier/spiral qui est fabriqué pour eux, ils décorent ça aux petits oignons, assemblent (à la main mais je suis pas sûr à 100%) et règlent au poil. Voici à peu près ce qui arrive à Schaffhausen:

                                                                 Photo ETA 

 

            Et voilà ce qui en ressort:

                                

Photo Time Zone

           

            

Faut avouer que ça torche quand même, mais malheureusement sans fond vitré c'est pas le genre de spectacle que l'on voit tous les jours. Au niveau de la précision, j'ai entrepris de la mesurer à peine 15 jours après son arrivée, c'est à dire avec la montre pas rodée. Pour ce faire j'ai mesuré l'écart en fonction du temps et voilà ce que j'ai obtenu

                                            

     Oh la bonne surprise ! Je m'attendais à un truc pour le moins chaotique, voilà que j'obtiens quelque chose de pratiquement linéaire. Une petite régression linéaire plus loin j'obtiens le coefficient directeur de ladite droite: 0.188 sec/heure soit 4.5 secondes par jour. Ouf, on est dans les cordes du COSC et avant la fin du rodage, l'avenir se présente donc sous ses meilleurs auspices.  Maintenant, depuis 5 mois qu'elle est à la maison, elle avance de 2 secondes par jours. A préciser quand même qu'elle ne possède pas de certificat COSC.

     La date mérite qu'on s'attarde un peu sur elle. Il faut avouer que j'ai bien vite voulu savoir si elle sautait ou pas. La date commence à se déplacer vers 23h35 (vraiment légèrement) puis saute d'un coup à 00h02 avec un clac bien audible. Pour illustrer voici une photo prise à  23h59:

                                                                                    

 

Le bracelet

     J'ai choisit un bracelet en cuir pour la mienne mais sachez que si vous voulez un bracelet métal il vous en coûtera 1100 euros de plus (ce prix pour le moins prohibitif n'est pas totalement étranger à mon choix). Je ne sais pas s'il vaut vraiment un tel supplément de prix mais il faut avouer qu'il est particulièrement bien réalisé.  

     Le bracelet cuir est, lui aussi, bien réalisé et fort joli au demeurant. C'est du cuir de buffle. Je trouvais qu'il faisait un peu raide au début mais maintenant il est un peu moins brillant et surtout plus souple.

     Passons à la boucle déployante. Contrairement à la Mk XII, la Mk XV possède une boucle déployante. Personnellement je la trouve très jolie et elle est très bien réalisée. A noter que cette boucle est commune à toutes les marques du groupe Richemont.

                                                              

                                                                  

 

     La partie intérieure de la boucle n'est ni polie, ni brossée on dirait qu'elle est satinée. En tout cas c'est très joli.

 

L'art du tuning...

  Pour ménager le bracelet et lui éviter l'eau, la sueur et autres agressions de l'été, j'avais entrepris de lui trouver un bracelet de rechange, un truc pas cher, solide, ne craignant rien. Après la folie Hirsch Carbon qui avait contaminé le forum de LPDM je me suis dis qu'un Hirsch carbon serait exactement qui me fallait, d'autant plus que ça lui allait bien.

 

Je ne sais plus qui est l'auteur de cette photo.

 

Mais malheureusement le fameux bracelet n'existant pas en 19 mm, j'ai dû me rabattre sur un NATO Strap gris qui lui va ma foi fort bien et a parfaitemenent rempli sa fonction.

 

La boite et les papiers

La montre est livrée dans une boite recouverte de cuir blanc à l'extérieur et noir à l'interieur, protegée par une surboite en carton blanc. Vous l'avez déjà rencontré un peu plus haut.

Peu de papiers ont livrés: Un manuel d'utilisation et un manuel de garantie, accompagné de la carte de garantie.

Tests en vol

La XV étant, à l'origine du moins, une montre d'aviateurs, cela aurait été dommage de ne pas pousser le test jusqu'au bout et l'emmener avec moi lors de mes ballades estivales en planeur. C'est tout naturellement qu'elle a parfaitement rempli son rôle (extrême !). Par contre, sur la photo on voit nettement les reflets qui ont tendance à "blanchir" le cadran, tout en laissant possible une lecture parfaite de l'heure.

 

Goodies

Pour les aficionados, ou plus généralement si vous avez besoin d'un nouveau fond d'écran, voici quelques wallpapers.

 

Et pour finir "l'official" wallpaper d'IWC.

 

Salut !

Julien

Sauf mentions contraires, touts les photos sont de l'auteur. Photos prises avec un Canon Ixus 300.