Ma première revue : le calibre 135
par Christian le 06. mars 2005



Bonjour à tous,


Je me lance dans un exercice difficile au vu des pros de ce forum en matière de revue.
Je viens donc d’acquérir ce célèbre chronomètre : le ZENITH calibre 135


Le même avec une lumière différente


Ma première démarche a été de me renseigner auprès des services de la Manufacture ZENITH.
Les réponses ne se sont pas faites attendre ce qui de nos jours est à souligner.


Un bon point pour cette marque horlogère qui jusqu’à ce jour ne m’a donné que des satisfactions quant aux recherches effectuées. Des interlocuteurs vraiment charmants qui ont le souci de client !

Je leur avais donc posé quelques questions, et je vous livre leurs réponses :

Monsieur,
Votre montre a été fabriquée le 29.04.1955. La montre étant chronomètre,
il a reçu le certificat du COSC.

TERMINOLOGIE :
Chronomètre: montre de haute précision capable d’afficher la seconde, dont le mouvement a été testé durant plusieurs jours dans différentes positions et à différentes températures, par un organisme officiel neutre (COSC).
Marche diurne (ou marche journalière): variation d’un garde-temps en 24 heures. Pour obtenir un bulletin de marche du COSC, un calibre de montre bracelet de plus de vingt mm de diamètre doit avoir une marche diurne comprise entre - 4 et + 6 secondes. Six autres exigences doivent être remplies.Les résultats obtenus à l'époque ne nous sont
pas connus.


Bracelet : cuir style sportif très classique avec couture.
Boucle : en principe avec étoile ZENITH
Veuillez agréer, Monsieur, nos meilleures salutations.


ZENITH INTERNATIONAL SA

Customer service

Et encore :

Monsieur,
1) Nous n'avons plus d'informations "commerciales" pour vous dire les quantités par modèle et de quand à quand. Désolé…
2) Ci-joint un dossier avec 4 montres dont la vôtre ref. 2/3046


3) pas d'info quant à la rédaction du certificat COSC
4) oui votre montre a reçu un Bulletin officiel de Marche
Nous avons répondu au mieux et en fonction des documents disponibles.
Veuillez agréer, Monsieur, nos meilleures salutations.
ZENITH INTERNATIONAL SA
Customer service


Donc ce chronomètre a donc une marche journalière comprise entre -4 et + 6s/j.

Par curiosité j’ai fait une recherche pour savoir où trouver les résultats concernant ma montre.


J’ai trouvé une adresse qui donne la possibilité de se faire envoyer un extrait du registre ainsi qu’un fac-similé pour la période de 1872 à 1968 (date de la fin des concours de chronométrie)


Voici le lien : http://obswww.unige.ch/~pernier/obschrono/obschrono.html


J’ai donc écrit et j’attends une réponse de mon correspondant sachant toutefois que ce chronomètre a reçu un bulletin officiel avec mention : Résultats particulièrement bons.D’après certaines lectures j’ai pu comprendre que ce calibre avait été réalisé à 11000 exemplaires de 1948 à 1962.


En 1954 il bat le record absolu dans la catégorie : Chronomètres-bracelets et remporte le prix de série offert par l’observatoire de Neuchatel.Beaucoup de ces calibres sont vendus avec un bulletin officiel de Chronomètre.
Un article sur les chronométriers de Françoise KUENZI :

C R O N O M É T R I E
Au temps des princes de la précision, les concours de l’Observatoire de Neuchâtel ont fait rayonner l’horlogerie suisse dans le monde entier

Les meilleurs chronométriers attendent la proclamation des résultats. De gauche à droite: Joseph Ory (Omega), Robert Chopard, Fernand Wenger, Frank Vaucher (tous les trois chez Longines) et André Brielmann (Omega).


Les horlogers suisses sont les meilleurs du monde. Sans doute. Encore faut-il le prouver. Au milieu du xixe siècle, face à la montée en puissance d’autres nations horlogères, comme la France et l’Angleterre, voire les Etats-Unis, les fabricants de la douce Helvétie ont dû, pour la première fois de leur histoire, commencer à faire de la publicité. A montrer au monde qu’ils étaient les plus forts, les plus précis, les plus qualifiés. Comment? En brandissant une médaille, à la manière des champions, sous la forme d’un diplôme, obtenu après avoir fait passer au mouvement toute une série de tests, en diverses positions et à des températures extrêmes.
Tout commença, à Genève, en 1790 déjà: des épreuves chronométriques furent mises sur pied par la Société des arts, alors que le premier véritable concours fut instauré en 1816. Un dénommé Antoine Favan en fut le premier lauréat. Il s’agissait alors de présenter une montre dont les variations n’iraient pas au-delà de 3 secondes par 24 heures, qu’elle fut posée à plat, pendue ou portée et qu’elle soit observée dans une température qui parcourt 25 degrés de l’échelle Réaumur, relevait feu René Gygax, ancien régleur de précision chez Zénith, dans une brochure écrite en 1993.


A Neuchâtel, il faut attendre 1860, date de la création de l’Observatoire, pour que la course à la précision s’engage. Chargé, dès ses débuts, de déterminer l’heure exacte et de la transmettre, l’institut avait aussi pour mission d’observer des chronomètres et de consigner leurs performances sur des bulletins de marche. Six chronomètres de marine et treize montres de poche furent ainsi soumises, la première année, à un contrôle sévère. En 1861 figure déjà, parmi les fabricants, le nom d’Ulysse Nardin, qui ne cédera à aucun moment, jusqu’en 1967, les premiers prix de la catégorie des chronomètres de marine! Car dès 1866, les concours débutèrent. Ils prirent fin en 1972, dans le plus profond désintérêt, l’avènement de la montre à quartz ayant tué tout esprit de compétition. Comme le dit l’historien chaux-de-fonnier Charles Thomann dans son magnifique ouvrage «Les dignitaires de l’horlogerie», paru en 1982 aux éditions du Griffon: Le rêve était devenu réalité: lorsqu’on touche à la perfection, le but fixé s’estompe.


Quarante-cinq jours de tests
Cette course contre la montre dura ainsi plus d’un siècle. Les chronométriers, régleurs de précision, étaient les champions des usines d’horlogerie, des coureurs de fond qui passaient plusieurs mois, penchés sur leur établi, à régler balancier et spiral, à contrôler, à régler encore, avant de partir, leurs pièces sous le bras, les déposer à l’Observatoire; en Suisse, ceux de Neuchâtel et de Genève avaient mis sur pied ces concours. C’était ensuite la longue attente, qui durait 45 jours – les tests étaient plus longs que ceux des bureaux officiels de contrôle, ancêtres du COSC – et qui, parfois, consacrait le travail des maîtres du réglage. Ceux-ci n’étaient qu’une poignée. Ils se connaissaient et se respectaient, mais personne n’échangeait ses petits secrets, qui faisaient l’objet de nombreuses spéculations. La dernière génération de ces ténors est aujourd’hui à la retraite. Frank Vaucher, ancien régleur chez Longines, à Saint-Imier, a dressé tout récemment la liste de ses anciens confrères. Dans l’Arc jurassien, ils sont 18, domiciliés entre Le Locle et Bienne. Ils se sont retrouvés le 9 octobre dernier pour échanger des souvenirs et commenter les dernières nouvelles de la branche.
Un petit nombre d’entreprises se sont partagé les podiums. Participer aux concours coûtait en effet relativement cher: tous les fabricants ne pouvaient pas se payer une équipe attachée à plein temps au réglage des pièces de concours. Ulysse Nardin, Zénith, Omega et Longines étaient les quatre grands compétiteurs. Des marques comme Movado, Solvil, et même le Technicum de La Chaux-de-Fonds figuraient aussi au palmarès. Quatre catégories accueillaient les mouvements: chronomètre de marine, de bord, de poche, et chronomètre bracelet. La toute première montre-bracelet a été déposée en 1914 déjà par un certain… Rolex Aegler, mais les petits calibres ne prirent leur essor que bien plus tard, dans les années quarante et cinquante. En 1967, sur 1700 pièces déposées, 1200 étaient des montres-bracelets.


Véritables stars des manufactures, les chronométriers n’avaient cependant guère de temps libre: le dimanche matin, ils devaient retourner à l’usine pour remonter leurs pièces. Mais à 9h30, j’étais déjà à l’église, se souvient Frank Vaucher. Et nous ne pouvions jamais partir en week-end, ajoute son épouse.


Surtout, les régleurs devaient rapporter des prix, faire des records, pour que le nom de l’entreprise rayonne dans le monde. Car dès les années cinquante, les concours étaient devenus un véritable instrument de marketing. Un nombre croissant d’acheteurs réclamaient les mouvements primés. Selon Charles Thomann, en 1956, 65% des bulletins étaient délivrés à des pièces commerciales.


La chambre froide du boucher
D’abord artisanales, les techniques de contrôle se perfectionnèrent au sein des entreprises. Ainsi, la glacière, l’un des trois principaux attributs du chronométrier, était parfois… la chambre froide de la boucherie du village, mise à disposition d’un fabricant, où quartiers de viande et chronomètres se partageaient l’espace! A l’Observatoire, les températures et la pression atmosphérique furent de mieux en mieux stabilisées.


Jusqu’en 1960, l’heure de référence, donnée par un régulateur, était encore déterminée de manière astronomique, en observant la position du passage des étoiles au méridien. Les horloges atomiques et leurs étalons de fréquence n’ont pris qu’ensuite le relais…


Le quartz a tué le jeu
Le drame? Il débarque au milieu des années soixante, sous la forme d’un oscillateur à quartz. Il se nomme Seiko, parle japonais et menace de battre l’industrie suisse sur son propre terrain. Pas toujours avec des moyens très honnêtes, mais c’est la guerre. Chez Longines, on se souvient d’un distributeur au Japon qui réclamait, comme cadeau d’anniversaire, une pièce de concours… A Neuchâtel, on évoque encore les délégations nippones qui passaient, à l’hôtel, les 45 jours de tests et montaient sans cesse à l’Observatoire pour quémander des résultats. Mais soyons honnêtes, analyse Charles Thomann. Ce ne sont pas les Japonais qui ont tué les concours. Mais bien l’arrivée du quartz. Et le fait que la précision était devenue l’affaire d’ingénieurs, et non plus d’horlogers.
Le Centre électronique horloger (l’ancêtre du Csem) n’était d’ailleurs pas en reste: en 1967, sa Bêta 21 remporta le prix à la barbe de Seiko, battant au passage tous les records de précision précédents. Mais le cœur n’y était plus et les concours s’étiolèrent. Ils cessèrent définitivement en 1972, laissant la place à la plus grave crise que subira la branche. Celle-ci s’en est relevée. Mais désormais, c’est uniquement le COSC qui délivre les bulletins de marche. Et René Gygax jugeait dommage, en supprimant d’une manière aussi abrupte les concours, d’avoir déprécié les constructeurs et les ouvriers. Ceux-ci ont pris leur revanche dans les années nonante en même temps que revenait au premier plan la montre mécanique…


Françoise Kuenzi


Mais revenons à nos moutons…

La boite est en acier inoxydable. Elle présente 2 types de finition : Un poli miroir sur le dessus des anses et de la lunette et un brossé sur les côtés et le fond de la boite. Le même polissage que l’on retrouve sur les Breitling Navitimer 806 vintages et autres consoeurs.


La couronne est située à 3 heures. En acier poli de 6mm de diamètre et de 2mm d’épaisseur. Elle est crénelée et siglée à son extrémité de l’étoile de la manufacture a l’intérieur de laquelle se trouve le Z de Zénith.


La Glace
C’est un plexiglas bombé de 2 mm sensible aux rayures mais qui offre une excellente visibilité.

Le cadran est de couleur gris satiné
Les index des heures sont des doubles dagues juxtaposées, évidées en leur centre. Seul le 12 est matérialisé par un chiffre.



Un collier d’index ronds appliqués matérialisant les minutes est situé sur la périphérie extérieure du cadran. Les index ronds des 5 minutes étant d’un diamètre supérieur.

Le cercle de la trotteuse à 6 heures est de 9mms de diamètre ce qui lui confère une excellente lisibilité. Le SWISS MADE se trouvant de part et d’autre de l’index rond à 6 heures.

Le Mouvement :


C’est un 13 lignes soit environ 29,4 mm. Zénith à cette époque pour participer aux concours de chonomètrie dans cette catégorie ne devait pas dépasser les 30mm.

Mouvement : Calibre 135
19 rubis
Diamètre du mouvement : 29,4 mm
Hauteur : 5 mm
Fréquence d’oscillations : 18 000 A/h
Spiral Bréguet
Balancier équilibré par des masselottes
Antichoc
Réglage fin de précision en forme de colimaçon.

D’un peu plus près, on voit bien le décor de type soleillage de la roue de rochet et de la roue de couronne, le soin apporté à la finition des dents, le surdimensionnement du balancier de 14mm de diamètre qui doit y être pour quelque chose dans la précision de la montre.


La décoration du mouvement : côtes de Genève sur la surface visible des ponts.


Et d’encore plus près on distingue parfaitement les ponts anglés, les châtons vissés, le soin apporté au fraisage, ainsi que les différentes roues :


Roue de centre, Roue de seconde, Roue de moyenne (les 3 couleurs jaunes cassées) et pour finir la Roue d’échappement que l’on aperçoit à travers le balancier.


Cette montre est pratiquement NOS …


Aucune trace de rouille ni d’usure, seules quelques poussières à enlever, mais pour avoir bientôt 50 ans le ménage a été particulièrement bien fait dans cette montre !


Je plaisante bien sûr car je crois plutôt qu’elle a été oubliée dans un tiroir ou un coffre et que l’excellence des matériaux l’a immunisé des aléas de la vie.La visserie est impeccable et ne laisse apparaître aucune intervention de l’homme de l’art.


En conclusion :

Ce qui se dégage de l’ensemble est un travail de haute qualité, très soigné, avec une finition impeccable.


Je suis admiratif de l’harmonie qui se dégage de ce mouvement, et de sa réalisation à une époque ou l’industrialisation mécanique n’avait pas le degré de technicité d’aujourd’hui.


Sa précision depuis 12 heures que je l’observe est de +2s


C’est une montre simple, mais qui cache en son cœur, le talent, la dextérité, l’ingéniosité et le savoir faire de nos Maîtres Horlogers.
C’est pourquoi j’envisage l’ouverture de la face cachée, celle pour laquelle j’ai ressenti et vous ai fait partager toutes mes émotions, à condition bien sûr de ne pas dénaturer mon chronomètre.


J’entends par là que si il est possible de lui adjoindre un fond transparent sans oublier celui d’origine, j’adhérerai à un tel projet.
Voilà j’espère que cette ballade horlogère vous aura plu.Comme c’est la première fois que je me lance dans une telle aventure, j’attends avec plaisirs tous vos commentaires.

Amicalement, Christian