Le squelette anonyme
Patrice Cayrol
6 Août 2001



Dénichée aux puces, il y a plusieurs années, cette montre de poche sort de l’ordinaire. Ce n’est pas un modèle supérieurement compliqué, fini, ou luxueux, mais il présente des particularités dont je rêve de connaître les origines et le but.

Le boîtier.

C’est un boîtier en argent, avec des bords légèrement anguleux, de grande taille (58 mms), en assez bon état. La face avant comme le fond sont protégé par une lunette avec le pourtour gravé, fixée par des charnières et s’ouvrant par pivotement. Le fond une fois ouvert laisse voir un cache poussière également en argent percé de deux trous pour le remontage et la mise à l'heure.

Le fond représente, entouré par un motif de fleurs estampé, quelques maisons de type colonial ? dont la gravure paraît être avoir été rajoutée à la main.

La bélière, fixée par une vis et non pas pliée pour tenir dans son trou (ce qui est signe de qualité et d’ancienneté), présente peu de traces d’utilisation.

 

Première surprise :

Le cadran est en émail (légers cheveux) avec des cercles de couleur différente du fond. Chiffres romains peints en noir pour représenter les heures (avec le chiffre quatre sous forme de 4 bâtons). Chemin de fer extérieur.

Le verre biseauté le protégeant est probablement d’origine.

Les aiguilles sont de type « poire », avec secondes à 6h et deuxième cadran surbaissés.

Il faut noter la très bonne aisance de lecture de l’heure grâce à la taille des chiffres et leur visibilité sur le fond crème.

 

Deuxième surprise :

Le mouvement demi platine de grande taille (49 mms soit environ 22 lignes), est entièrement gravé et squeletté avec des motifs peu courant : 1 ananas, 1 palmier, 1 soleil, 1 gazelle,…, en plus des gravures traditionnelles sur les autres ponts.

Le mouvement est à ancre de coté, et empierré avec 15 rubis. Vis bleuies. Pas d’antichoc, pas de réglage micrométrique. Balancier bi-métalique coupé, avec masses de réglage. Spiral plat.

Remontage et mise à l’heure par clef.

Aucune trace de réparation ne permet de dater précisément cette montre, ou de trouver sa provenance, mais je crois que les mouvements à ancre de coté étaient généralement plus utilisés en Angleterre qu’en France ou en Suisse.

 

Poinçon : sur le fond du boîtier.

 

Conclusion :

Montre des années 1880, destinée à un marché colonial ou gravé dans le pays d’expédition par un horloger de talent pour la mettre au goût local ??. N’ayant jamais vu ce type de squelette, ni chez des marchands, ni dans des catalogues, je penche pour la deuxième solution. Si vous avez des informations je suis preneur !!!.

Patrice Cayrol pour La Passion des Montres – 08/2001