La Lange 1815
par Alain


La Lange & Söhne 1815
(la photo du mouvement est extraite du catalogue Lange)

La première fois que j'ai entendu parler des montres Lange, c'était à propos de la Lange One, une montre au design particulièrement original avec son cadran excentré et sa grande date. Je suis allé jeter un oeil sur la montre en question, que j'ai trouvé assez belle et un peu massive, sans plus. Quant au reste de la gamme, je ne lui trouvais pas de charme particulier. Mais quand j'ai eu les montres en main, j'ai tout de suite été frappé par l'extraordinaire qualité de la finition. Que ce soit la boîte, le mouvement, le cadran, les aiguilles, tout paraissait irréprochable. Mais de là à dépenser une somme astronomique pour m'en payer une, il y avait un sacré pas à franchir.
Tout a basculé quand mon pote Ken Fox a débarqué chez moi en Bourgogne avec une 1815 or blanc / cadran bleu a son poignet. La montre était magnifique, et pourtant incroyablement sobre : le coup de foudre ! Quelque mois plus tard, je m'en suis acheté une et c'est devenu rapidement ma montre favorite (en alternance avec la Reverso Duo).
Le temps a passé, et un beau jour j'ai réalisé que j'avais trop de montres pour un seul poignet. J'ai décidé alors de vendre toute ma collection pour ne garder que la Lange, la Duo et une montre de sport. Mon ambition, avec l'argent récupéré, était de m'acheter un QP IWC Romana, et de conclure en beauté ma carrière de collectionneur. Mais un jour, chez Chronopassion, j'ai pu tenir en main simultanément l'IWC en version platine et la 1815 Platine, deux montres très différentes, mais du même gabarit. La Lange était tellement impressionnante que mes plans ont volé en éclat. J'ai revendu ma 1815 bleue avec les autres pour m'acheter la 1815 pt et je dois dire que je ne le regrette pas !



Un peu d'histoire

En 1842, Ferdinand Adolphe Lange, qui avait voyagé en Angleterre et en Suisse pendant ses années d'apprentissage, devint l'associé de son Beau-Père, Johann Friedrich Gutkaes, horloger de la cour de Saxe et créateur de la célèbre horloge à guichet de l'opéra de Dresde. Il développa l'entreprise, créa des ateliers à Glashütte -un village assez désolé et plutôt difficile d'accès- où il forma de nouveaux apprentis. Ses fils lui succédèrent après sa mort en 1875 et la dynastie Lange tint les rênes de la manufacture jusqu'à la nationalisation de l'entreprise en 1948 (qui se fondit dans le conglomérat GUB - Glashütte Uhren Betrieb).
Walter Lange, l'héritier du nom, dut s'enfuir à l'Ouest pour échapper au travail forcé dans les mines d'Uranium.
Après la chute du mur, Walter Lange retourna à Glashütte en 1990 pour refonder Lange & Söhne avec l'aide technique d'IWC et les capitaux du groupe LMH. En 1994 un premier modèle sortit des nouveaux ateliers, la Lange 1, bientôt suivie par toute une gamme : La Saxonia & la Langematik, l'Arkade, la Cabaret, le Tourbillon "pour le mérite" et la 1815...
 

La Lange 1815

La 1815 s'inspire, pour son mouvement comme pour son cadran, des montres de poche Lange. Le calibre 941.1 est caractérisé par sa platine 3/4 qui ne laisse apparaître que le balancier. Un design assez nostalgique, dont on peut critiquer le manque d'innovation ou applaudir l'exécution parfaite...
 

Caractéristiques Techniques

Mouvement 941.1 à remontage manuel, réserve de marche 45 heures.
Diamètre 25,6 mm, épaisseur 3,2 mm.
21 rubis, dont 4 montés sur chatons
Balancier en Glucydur, 21 600 pulsations/heure
Spiral plat, ajustement par vis micrométrique.
Platine en argent, gravée et décorée à la main (perlage et côte de Genève)


 

Fonctions : heures, minutes, secondes, avec arrêt de l'aiguille des secondes
Aiguilles bleues ou or, cadran argent blanc ou bleu
Boîte en or jaune, blanc, rose ou en platine.
Diamètre 36 mm, épaisseur 8mm
Fond transparent
Étanche à 3 atm
Bracelet croco avec boucle à ardillon (existe aussi en bracelet métal)
 

Impressions générales

En version platine, la montre est assez lourde (bien moins qu'une IWC mark XII pt) mais une fois qu'elle est au poignet, on oublie rapidement son poids. Le bracelet croco, très épais, est très confortable (quand il s'est un peu assoupli) : La montre se positionne idéalement et ne tourne pas.
La 1815 est assez plate, donc très discrète, peu de chance qu'on la remarque, c'est aussi bien comme ça.
La précision de ma 1815 est remarquable, autour d'une seconde par jour (la précédente était tout aussi précise). Et on ne se lasse pas de contempler le balancier à travers le fond transparent... tout en regrettant que la platine 3/4 nous cache le reste du mouvement. On a reproché à Lange le côté "cosmétique" de la finition du mouvement, mais on ne peut guère s'en plaindre à l'usage...
Ce qui est le plus remarquable, c'est l'impression de qualité qui se dégage de la montre. Tout est parfaitement fini, du brossage latéral de la boîte au poli autour du cadran (tout cela se raye assez peu, malgré ma maladresse naturelle). Quant aux aiguilles bleues, ce sont de vrais petits chef-d'oeuvre.
Le cadran façon montre de poche est très lisible, les esprits chagrins le comparent parfois à une pendule de cuisine, mais bon, chacun voit midi à sa pendule...
 

Conclusion

La 1815 n'a rien de révolutionnaire, au contraire, le mouvement comme le cadran sont des plus traditionnels, voir surannés. On peut préférer la Langematik ou la Lange 1, plus innovantes, mais la 1815 a son charme propre.
Le prix est affolant, bien sûr, mais on peut négocier un peu. Et si on le compare à celui des Patek, on se dit qu'il n'est pas tout à fait extravagant pour une montre de cette qualité.
 

 

Alain, copyright Chronomania.net - Février 2001

 
 
 

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